Blog (pas) intime

"Ce sujet favori: moi-même." (R. Bradbury)

2007/03/12

Game Over.


Oui, c'est fini. Pas par manque d'envie, mais parce que mon souhait de faire de cet endroit un espace de liberté ne s'est finalement pas réalisé. Anonyme et libre, qu'elle disait! Pff...

Je prenais pourtant bien soin de ne pas dévoiler de détails trop précis, et à chaque fois que je postais, je me demandais: est-ce que ma soeur, celle à qui je dit presque tout, me reconnaitrait?

Mais je n'ai pas compté avec la technologie, les foutus cookies, tu me passes ton ordi, oui bien sûr. J'aurais sûrement dû faire plus attention, mais en même temps, je tiens un blog, je ne suis pas agent double pour la CIA!

Donc voilà, mon blog a été découvert par une personne de mon entourage. Et lu. Je ne sais pas depuis combien de temps. Je suis déçue. Et en colère: cette personne est allée jusqu'à me reprocher de dévoiler certaines choses sur ce blog dont elle n'est pas censée connaître l'existence! J'ai l'impression d'étouffer. Et d'être une bête en cage. Voilà: je suis une bête dans une cage en plexigas qui étouffe.

Oui, mes proches ont du culot. Ou alors je suis trop bonne poire. Sûrement un peu des deux.

Donc voilà, je ne sais pas trop, là maintenant, ce que je vais faire. Sûrement continuer à écrire sur tout et rien, parce que j'en ai besoin. Envie aussi. Et j'ai le droit d'avoir des envies, sans avoir à les justifier.

Je ne sais pas encore quelle forme cela va prendre, même si j'aime bien l'idée de lancer mes billets dans le fouillis de l'internet mondial (copyright je sais plus qui) bien cachée derrière mon loup.

Pour celles qui me laissent des mots et/ou me rendent visite régulièrement (oui, je suis une quiche en info mais j'ai réussi à installer l'outil pour consulter les stats) on se recroisera peut-être dans l'internet mondial. Ou pas. En tout cas je continuerai à poster sur vos blogs, sous ce pseudo. Ou pas.

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2007/03/06

Africa Enfer

Pardon pour le jeu de mots, mais j'ai passé une heure et demi d'enfer avec ce film affligeant!!!

Tout d'abord, le scénario, ou comment partir d'une idée très interessante (l'inversion du flux migratoire Europe/Afrique dans un futur proche à la faveur d'un développement fulgurant de l'Afrique et de la décadence en gros du reste du monde), comment partir d'une idée très intéressante disais-je, pour arriver à un résultat lamentable.

Si vous êtes un réalisateur de série Z en herbe et que vous ne savez pas comment accomplir votre destin, ne cherchez plus, Sylvestre Amoussou, à qui ne devons Africa Paradis vous donne clés en main la recette pour réaliser une daube.

- Les postulats de base: il faut qu'ils soient le plus légers possible. Ne vous posez pas trop de question. Par exemple, situez votre action dans un futur proche (2033 en l'occurence) , posez comme postulat que l'Afrique Unie est le plus développé des continents, que l'Europe est en déclin "parce qu'elle n'a pas pu réaliser l'union",que l'Afrique repousse les immigrants européens venus chercher une place au soleil, qu'un courant xénophobe se développe en Afrique, mais surtout, n'allez pas plus loin! N'essayez pas par exemple d'apporter un semblant de cohérence historique dans vos postulats de base: par exemple les "anti-européens" africains diront qu'ils n'aiment pas les Blancs parce qu'ils sont paresseux et passent leur temps à s'amuser. Ne placez pas cette histoire qui se déroule en 2033 (après-demain!) dans la continuité de ce qu'il se passe aujourd'hui. A quoi bon par exemple faire de ces ultra-nationalistes les petits frères de ceux qui dénoncent aujourd'hui avec violence l'exploitation de l'Europe par l'Afrique? Non, c'est bien plus rigolo de faire dans le racisme primaire, et de faire dire à ses personnages que les Européens qui sortent de plusieurs siècles de domination sur le monde, qu'ils sont tous paresseux! On est dans un nanar, n'oublions pas!

- Le scénario: attention! la carrière d'un réalisateur de série Z est souvent très courte: rien ne vous garantit que les producteurs assez largués pour vous octroyer des fonds pour ce film auront envie de vous suivre pour d'autres aventures nanaresques. Hélas! après la sortie de votre film, vos chances de convaincre d'autres producteurs sont encore plus minces qu'à l'époque où personne ne savait que vous étiez réalisateur de daubes. En clair, il s'agit là sûrement de votre dernier film. En conséquence, mettez dans votre scénario absolument toutes les idées que vous dictera votre solide culture cinématographique: film d'action, romance à la Santa Barbara, JamesBonderie, comédie, comédie dramatique, film érotique, pourquoi choisir? On ne vit qu'une fois! N'hésitez devant rien, inspirez-vous des chefs d'oeuvre que vous avez eu l'occasion de voir: scène de karaté, méchants commandant une mission à un agent contre une enveloppe contenue dans une grosse malette, puis une seconde mission plus dangereuse impliquant forcément une plus grosse enveloppe contenue dans une plus grosse malette, déclaration d'amour sur la plage au soleil couchant, balancez toute la sauce, des flics sauvages qui tirent à balles réelles sur un clandestin échappé de la zone de rétention en plein quartier résidentiel, plus c'est gros, mieux ça passe! Et surtout n'hésitez pas à grossir le trait et à présenter les choses de manière dichotomique. Les gentils d'un côté, les méchants de l'autre. Mention spéciale à la soeur du personnage prinicpal, raciste notoire qui va quand même franchir la barrière et découvrir que les Blancs sont des hommes comme les autres.

- La direction d'acteur: quelle direction d'acteur? Déjà desservi par un scénario tiré par les cheveux, vos acteurs seront d'autant plus mauvais si vous ne leur donnez aucune indication sur la manière dont ils doivent jouer, ou mieux, si vous leur donnez des indications complètement à côté de la plaque. Vous arriverez comme M. Amoussou à un résultat des plus joyeux: un père au bord de l'extase parce que son fils rentre simplement du boulot, des gamins mauvais à la base qui récitent leur texte, un méchant qui ponctue toutes ses phrases d'un méchant regard de méchant, bref, tout le monde ou presque sera guindé, mal à l'aise, caricatural... et mauvais. Même Eriq Ebouaney qui avait pourtant assumé le rôle d'un Lumumba assez convaincant.

- Les décors, accessoires, et autres costumes: who cares? Qui dit nanar dit film à petit budget. Si vous avez en plus la chance d'être africain, les spectateurs s'attendront d'autant moins à ce que vous fassiez preuve de débrouille pour présenter des décors, accessoires et costumes cohérents avec l'histoire. celui qui joue le méchant chargé d'enlever une fillette en plein jour a envie de porter un gilet en velours hyper-voyant, et de continuer le reste du film avec? Laissez-le faire. Vous n'avez pas d'argent. ceux qui vous reprocheront ce détail seront des pinailleurs. Vous situez votre action en 2033 mais tous les ordinateurs apparaissant dans le film sont des modèles que personne n'a vu depuis 1988? Pas grave, ce qui est important, c'est la force du récit, ceux qui disent le contraire sont des pinailleurs.


Pas une seule seconde on ne croit à cette histoire, on oscille tout au long du film entre la pitié face à tant de naïveté et la colère face à cette heure et demi gachée.

Deux petites consolations, tout de même: premièrment Emil ABOSSOLO M'BO arrive à tirer son épingle du jeu, ce qui relève du miracle. Et puis, les distributeurs classique ayant refusé d'ajouter le film à leur catalogue (oubliez les "vérités qui dérangent", ils n'ont pas voulu du film parce qu'il est naze. Point.) le film passe dans si peu de salles tellement confidentielles que seuls les plus motivés réussiront à le voir.

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2007/02/05

Les vieux jours des traditions



J'ai appris en lisant un vieux Courrier International qu'il y avait des maisons de retraite en Inde O_O. La famille y prend un sens de plus en plus nucléaire, les logements en ville sont de plus en plus exigus et les gens n'ont plus forcément envie de cotoyer les anciens au quotidien.

Bien sûr, ça m'a fait de la peine pour l'Inde et ses traditions qui se perdent, mais ça m'a surtout secouée parce que je me suis mise à faire des projections et des transpositions: et si, dans quelques dizaines années, la société au pays avait tellement changée qu'on serait réduits, nous aussi, à placer nos vieux dans des immeubles "tout confort" où ils pourraient vivre -et surtout mourir- sans déranger notre train-train quotidien?

Evidemment j'ai repensé à l'Ancêtre, le ciment de la famille, qui vit toujours dans la maison familiale de ce vieux quartier de la capitale. L'Ancêtre, qui a l'esprit vif à plus de 115 ans (selon les calculs des uns et des autres, les anecdotes qu'elle est en mesure de raconter, les événements auxquels elle a assisté, elle ne peut pas avoir moins de cet âge, même si certains de ses descendants lui créditent plus de 125 ans). L'esprit vif donc, la répartie cinglante, la bouche avide de ce que j'appelle ses friandises qu'elle ne peux plus croquer mais qu'elle fait râper par ses arrière-petits-enfants avant de sucer longuement la pulpe obtenue.

L'ancêtre, veuve depuis tellement longtemps que je n'ai jamais connu son époux, mon grand-père mais qui vit toujours le domicile conjugal, constamment entourée: sa fille, également veuve qui est venue s'installer avec ses enfants il y a deux ou trois dizaines d'années - ces enfants sont partis pour la plupart, mais aujourd'hui, avec le chômage et les études qui durent...- les petites-cousines qui vont et qui viennent, au gré des remariages de leur père et de la cruauté de la "marâtre" en exercice, les cousins et petits-cousins qui viennent en ville poursuivre le collège ou apprendre un métier, et tous ceux qu'on envoie chez la grand-mère sans raison particulière, parce qu'on n'a pas besoin de raison, et qu'il ne faut pas "la laisser toute seule".

Je sais que ça lui fait plaisir et que ca lui procure un sentiment d'accomplissement, d'avoir son chez-elle, d'être restée dans ce lieu chargé d'histoire familiale, d'être le centre de ce clan si vaste, de nous voir défiler le week end, nous rencontrer autour d'elle ("Tu ne le connais pas? C'est ton frère, c'est l'arrière petit fils de ma soeur Unetelle! Les enfants d'aujourd'hui, vraiment, aucun sens de la famille!"), de nous occuper d'elle, chacun à la mesure de nos moyens: un petit billet, un gros billet pour ceux qui peuvent, les provisions du mois, une poignée de ses friandises.

Et puis j'ai essayé d'imaginer notre Ancêtre dans un immeuble impersonnel, partageant sa chambre avec une quasi inconnue, sa chambre balayée et ses friandises râpées par une jeunette dont elle ne connaitrait même pas les grands-parents. Je sais qu'elle n'aura pas à vivre ça, que mes parents non plus, parce que nous sommes encore attachés à certaines valeur. Mais ensuite?

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2006/12/20

Charlotte Simmons, c'est moi!




Je viens de terminer le livre de Tom Wolf. Je n'ai pas pu le lâcher depuis que je l'ai acheté, allant même jusqu'à délaisser mes lectures régulières que sont Cosmo, Biba et (honte sur moi!) le Courrier Inter.
Je suis subjuguée par M. Wolf. Comment un si vieux petit monsieur peut-il comprendre aussi bien les codes qui régissent les campus d'aujourd'hui? Comment arrive-t-il à se mettre avec autant de succès dans la tête d'une jeune fille des années 2000?
Note à moi-même: faire des recherches d'articles ou d'interviews de M. Wolf qui expliquent sa méthode de travail.

Le livre est d'une justesse étonnante, si tant est que les campus de l'élite américaine ressemblent à leurs cousins de France. J'y ai retrouvé pas mal de codes, de règles tacites que j'ai pu observer sur mon campus de grande école ici en France: les rapports filles/garçons, le sacro-saint principe de cool-attitude, le rapport à l'alcool, le principe des castes sociales, le rapport à l'argent aussi.

Plusieurs fois, je me suis trouvée des similitudes avec la petite Charlotte qui débarque de sa campagne bien beauf dans un campus qui pourrait être Harvard ou Yale, dans sa façon de ne pas se sentir à sa place. Personnellement j'ai 'souffert' (n'exagérons rien!) d'être trop 'classe moyenne' dans des écoles bourgeoises, trop bonne élève dans un établissement médiocre, trop fille dans des filières académiques masculines, trop africaine, trop fessue, trop cambrée, dans des écoles blanches, trop européanisée dans des environnements africains, trop foncée pour une moitié de ma famille, trop pâle pour l'autre, trop étrangère partout, même là où je me considère comme 'chez moi'.

Pour revenir à Charlotte, je dois dire que la fin ne m'a surprise qu'à moitié, elle s'en prend plein la gueule tout le long de l'histoire, elle est loin d'être bête donc au bout d'un moment forcément elle comprend comment ça marche. Elle est trop maligne pour ne pas se rendre compte qu'elle aussi, elle cède à la "peer pressure" (ouais je lis en VO moi!) , elle fait les concessions qu'elle peut assumer, même si elle n'est pas encore assez forte pour faire un véritable bilan de toute cette histoire. Comme dans 'Le bûcher des vanités', on abandonne notre héroïne à la croisée des chemins, vieille technique qui ajoute à la force des personnages et surtout, qui ne nous aide pas à les quitter pour de bon. Surtout, qu'en l'occurence, je pense qu'on a tous en nous un petit peu de Charlotte Simmons.

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2006/11/08

Une soirée à quatre

Comme si de rien n'était.

On a dîné chez Fatou dernièrement.

Une petite soirée à l'improviste, on l'a appellée vers 19h, à 21 h on était chez elle devant un bon petit plat du pays (enfin, de son pays).

Quand elle était rentrée chez Gédéon, il l'avait informée qu'il lui avait trouvé un appartement et qu'il l'aiderait à s'y installer et paierait le loyer quelques mois. Qui trouve un appartement en deux jours sur Paris, dont un samedi?

Je lui ai dit que c'était du bluff pour voir sa réaction, pour qu'elle le supplie de la garder chez lui. Elle a décidé de jouer le jeu et a mis toutes ses affaires dans une énorme valise qu'elle a déposée au salon. Depuis l'affaire de l'appartement a fait "pschiiiiit" comme dirait l'autre, mais comme ils n'en ont plus reparlé explicitement, la valise est restée au salon. Une énorme valise de couleur vive couchée dans le salon.

Quand on est arrivés l'autre soir, elle était seule, mais je ne m'attendais pas à ce que Gédéon soit là.

Il est arrivé une grosse demi-heure après nous, tout joyeux, gros bisou à sa femme en passant le pas de la porte, plein d'anecdotes à la bouche.

Et on a passé la soirée tous les quatre, comme si de rien n'était. J'ai trouvé ça particulièrement déagréable, de faire comme s'il ne s'était rien passé, comme si elle n'avait pas passé plus d'une semaine sur notre canapé, comme s'il ne l'avait pas jetée dehors. On faisait tous comme si la valise ne bouffait pas la moitié du salon.

Il nous a même parlé de la soirée à laquelle il s'est tranquillement rendu le soir où il l'a mise dehors! Je l'ai snobé toute la soirée, surtout que je sais qu'il essaie de m'amadouer.

En même temps, si elle lui 'pardonne' (je mets des guillemets parce qu'à mon sens on ne peut pardonner que quelqu'un qui le demande, le pardon), de quel droit est-ce que je continue de le snober? Ne devrais-je pas me ranger aux décisions de mon amie, même si elles me semblent très peu pertinentes? Ne devrais-je pas suivre le rythme de leur relation à eux, tendance douche écossaise? Personnellement ça me fatigue les hauts et les bas, d'autant plus que mon opinion à son sujet est faite depuis longtemps.

Non, je pense que je vais adopter une attitude constante, froide, lointaine, polie mais sans plus. De toute façon on ne sera jamais amis, alors...

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2006/11/06

C'est reparti pour un tour :(

Gédéon ne s'est jamais excusé.

Pas plus pour cette fois que pour toutes les fois précédentes.
N'empêche que Fatou est retournée chez lui.

Parce que "tu comprends, ce n'est pas en étant chez toi Pokou que je vais régler mes problèmes avec lui."
Oui mais ma chérie, pour régler vos problèmes il aurait fallu que vous soyez deux à vouloir les régler. Gédéon, tout ce qu'il veut, c'est que tu lui reconnaisses le droit de te faire subir ce qu'il veut, au nom de ton amour pour lui, au nom de la tradition qu'il suit quand ça l'arrange, qu'il déconstruit et reconstruit selon son bon vouloir, au nom de son statut d'homme, de chef de famille.
Et en retournant chez lui, sans même qu'il lui ait demandé, sans qu'il se soit excusé de l'avoir foutue dehors un soir d'octobre par 5°C, c'est ce qu'elle lui donne: carte blanche.

Pour cette fois et pour toutes celles qui vont venir.

Je lui ai dit que je la sentais très mal, cette histoire, que ça finira très mal et que dans 10, 20 ou 30 ans, elle me dira que j'avais raison. Et que ça me fait de la peine.

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2006/10/26

L'homme n'est rien

C'est ce qui m'est venu à l'esprit quand j'ai appris le décès de L'Abbé. L'Abbé n'était pas abbé, c'était juste un jeune cousin de mon âge, qui aimait prier mais aussi organiser des fêtes, danser, nous faire faire des tours dans la voiture empruntée à Tonton.
Il est décédé dans un accident de voiture sur une autoroute, sûrement à cause de l'épouvantable état des routes au pays. C'est Clépoatre qui m'a prévenue, ça m'a fait tout bizarre. Ma réaction sur le coup a été: "non, ce n'est pas possible, il était si jeune, il allait rejoindre sa première affectation."
La dernière fois que je lui ai parlé, c'était il y a quelques années, lors d'un court séjour au pays. Et bizarrement, le fait que nous ne soyons pas si proche que ça m'a fait encore plus de peine. Finalement, je ne connais pas grand chose de sa vie: le nom de sa première copine, celui de la fille qu'il projetait d'épouser, son surnom à l'école primaire, le dernier film qui l'a marqué. Et je ne le saurais sûrement jamais.

Ses frères m'en diront peut-être plus. Ou pas. On ne parle pas des morts, ça ne se fait pas.

Il faut que j'aille au pays l'été prochain.

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2006/10/09

Ma famille me pompe

J'ai un peu honte mais il faut que je pousse mon coup de gueule. Je ne peux en parler à personne IRL puisque ça ne se fait pas, mais il faut que je me défoule un peu.

Cette année Chéri et moi avons décidé de partir en vacances ensemble pour la première fois (après 4 ans de mariage, ça se comprend). On était tellement contents, après toutes ces années de frustrations, d'études, de stages en boulots mal payés.Bref. Installés dans la vie active, on a pris quelques jours en avance et on s'est fait notre petite semaine à NY. De retour en septembre, mon compte bancaire faisait déjà la gueule, mais je me disais que je me remettrais à flot sur les deux mois à venir.

Je savais que je devais envoyer "l'argent de la rentrée" pour les plus petits, Le Vieux étant à la retraite et s'étant de toute façon complètement désengagé de l'éducation de ses enfants. J'ai donc envoyé cet argent, en plus de "l'argent du mois", qui permet de faire bouillir la marmite et que je me suis engagé à envoyer chaque mois depuis que je travaille, Le Vieux étant à la retraite et s'étant de toute façon complètement désengagé de l'alimentation de ses enfants depuis que ses grandes sont en âge de travailler et/ou de percevoir des bourses d'études. Après cet envoi j'étais déjà a découvert mi-septembre (NYC est passé par là, ne l'oublions pas), mais c'est pour la bonne cause. Et de toute façon je me disais que j'aurais un ou deux mois pour me remettre à flot.
C'est compter sans Cléopatre, la grande soeur, qui a repris et termine ses études dans une grande ville africaine et a perdu son job il y a quelques mois. Un membre généreux de la famille de Maman l'aidait financièrement jusqu'à cet été, mais cette personne n'a pas fait signe de vie depuis quelques temps.

Cléopatre m'appelle vers le 20, pour que je lui envoie de l'argent, vu qu'elle n'a rien reçu ce mois-ci. Je lui explique que je suis à découvert, que ma carte bancaire ne répond plus, et que je ne vois pas comment je peux l'aider. Elle me dit qu'elle comprend, que ce n'est pas grave, qu'elle se débrouillera. Et m'envoie un mail dans la foulée, en me disant, cette histoire de découvert, ça veut dire que tu peux prendre de l'argent à la banque même si tu n'en as pas? Parce que moi, vraiment, j'ai besoin d'argent. Je lui répond en lui réexpliquant ma situation, en lui disant que mon découvert atteint la moitié de mon salaire net, auquel il faudra enlever les 450€ que je rembourse pour mon prêt étudiant, autant dire qu'il va me rester à peine de quoi payer ma part de loyer et que je vais vivre encore un mois au moins à découvert.

Pas de réponse. Deux jours plus tard, elle m'envoie un mail triste à fendre l'âme pour me dire qu'elle a trouvé une solution, qu'elle a vendu une grosse chaine en or qu'elle avait acheté il y a deux ans (ah bon?), que même si l'objet n'avait pas de valeur sentimentale ça lui a fait très mal de s'en séparer (snif vraiment), mais qu'elle va pouvoir tenir quelques semaines grâce à ça.

Puis quelques jours plus tard, re-coup de fil (quand je dis coup de fil, en fait c'est un coup de fil dans le sens Afrique-Europe, c'est à dire que la personne bippe pour qu'on la rappelle pour qu'elle puisse exposer son problème) re-coup de fil donc de Cléopatre, qui me fait part de ses nouveaux projets. Elle va rentrer au pays, chercher un boulot là-bas, et comme elle n'a pas de quoi payer son billet d'avion, c'est moi qui vais le prendre en charge. Au fait, elle a déjà pris rendez-vous avec un recruteur potentiel pour le 18 octobre donc je dois lui envoyer 500€ avant le 13.

Je lui demande ce qui lui fait croire que je suis capable de sortir une somme comme ça du jour au lendemain, mais je sais: je bosse en France, donc tout est facile pour moi, je gagne plus d'un million (de francs cfa) par mois, la banque me permet de retirer de l'argent même quand je n'en ai plus, en plus je n'ai pas besoin de faire ma lessive à la main!

Elle me dit qu'elle n'en sait rien, mais que de toute façon je suis la seule à pouvoir (!!) l'aider, et que de toute façon si elle ne rentre pas, la personne qui la prenait en charge ayant démissionné, ça ME reviendrait plus cher si elle ne rentrait pas au pays.

Ce n'est pas très africain ce que je vais dire, j'ai même un peu honte de le penser, mais je ne vois pas où intervient ma responsabilité dans ses choix de vie et de carrière.

J'aime beaucoup Cléopatre, mais je ne comprend pas pourquoi c'est à moi de l'assumer.

Je prend en charge la familia parce que je l'ai décidé, parce que je me vois mal arpenter les rayons de Picard en sachant que ma famille ne sait pas de quoi demain sera fait. N'empêche que je trouve que c'est pas mal de responsabilité pour quelqu'un qui démarre dans la vie, qui doit rembourser un prêt étudiant et aussi (éventuellement, si c'est possible, merci!) penser à son propre avenir. Je ne parle pas de chose complètement abstraites et hors de portée du genre week end impromptu à Barcelone entre copines, ou abonnement chez l'ésthéticienne ou inscription à un cours de théatre. Non, juste des choses basiques du style économiser pour payer ses impôts, mettre de côté pour acheter un appart un jour ou simplement pour rentrer au pays les vacances prochaines.


Mais je ne me plains pas de ça. Ce qui me mets hors de moi, c'est qu'on fasse tout reposer sur mes épaules, qu'on me sonne pour envoyer des sommes très importantes du jour au lendemain, tout simplement parce que je travaille en France. Ce qui me soule, c'est ce boulet que je traîne qui fait que je peux m'évertuer à faire les plans que je veux, je sais qu'il y aura inévitablement un "coup de fil" un jour pour me rappeller que je suis issue d'une famille africaine modeste.

Ce qui m'énerve, c'est que j'ai l'impression d'avoir été punie. Punie pour cette semaine à New York, qui faisait de moi une personne qui part se détendre en vacances, comme tout le monde. Voilà, ce qui me frustre, c'est de me dire que malgré tous mes efforts pour vivre normalement, tous ces sacrifices, jobs minables, études pointues, casse-têtes administratifs, malgré toutes ses frustrations, il y aura toujours un coup de fil pour me rappeller d'où je viens, me foutre deux baffes pour m'éviter de me prendre pour ce que je ne suis pas: une fille comme tout le monde.

Je vais lui envoyer son foutu fric, même si je suis déja dans le rouge alors qu'on n'est même pas le 10, et même si je sais que ça ne l'empêchera pas d'aller deviser sur mon avarice vu que je n'ai pas répondu immédiatement et sans question à son exigeance.

Et, découvert pour découvert, je vais aller voir ses petites bottines dont Laulau m'a parlé.

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2006/09/26

Au pied de mon immeuble

Au pied de mon immeuble il y a un SDF. En fait il y a pas mal de SDF dans mon quartier (quand je dit qu'il est prisé! :D ) mais il y en a un qui dort juste à l'entrée de mon immeuble. Ce n'est pas le cinquantenaire alcoolique et barbu (il y en a un de ce modèle-là, mais devant l'immeuble d'à côté). Non, il est jeune, 25 ans maximum, tout mince, apparemment sobre, avec un énorme tatouage et une coupe longue assez peu conventionnelle. Il est sur son sac de couchage, il ne demande rien, il dit bonjour quand on passe la porte, avec un grand sourire, naturellement, comme s'il était un simple voisin.

Ce garçon m'attriste et m'intrigue. J'ai entendu/vu/lu pas mal d'histoires de personnes dont la vie bascule suite à un divorce, un licenciement, une faillite. Mais un gamin de 25 ans (il y en a plusieurs dans le quartier, et j'en voyais aussi dans ma banlieue bobo), comment en arrive-t-il à cette situation? Ca m'intrigue. Où sont ses parents? N'a-t-il pas de frères ni de soeurs? Un ami qui pourrait l'héberger le temps de se trouver un petit job, même non-qualifié, de quoi se payer une chambre de bonne avec WC sur le palier?

Et je pense à mon cousin Napoléon. Qui a 23 ans rejette encore tout en bloc, le système universitaire, le Grand Capital, ses parents, le Système. Qui se moque de son frère et de moi parce que nous vouons selon lui notre vie à notre compte bancaire, mais qui est quand même bien content de nous accompagner au concert de Patrice avec sa place payée grâce à l'argent du Grand Capital. Qui ne voit pas d'inconvénient à se faire offrir ses accessoires de photo et de guitare par ses parents, eux aussi esclaves du Grand Capital.

Napoléon, qui vit chez Papa-Maman comme dans un hôtel, qui peut disparaître plusieurs jours sans explication. Je pense à lui et à notre lâcheté à tous, ses parents, son frère, moi, personne pour lui remettre les yeux en face des trous. Quelques fois son frère ou moi lui disons quelques vérités, mais en prenant soin de ne pas le heurter quand même, surtout qu'il y a toute cette histoire de Chantage, alors la plupart du temps, on est juste gentils avec lui, et on le gâte, on le gave d'invitations et de petits cadeaux, juste contents qu'il nous accorde un peu de temps et qu'il soit avec nous. Qu'il soit bien.

Je pense à lui, et à sa colère et je me dit qu'un jour peut-être il aura une indigestion et que le feu qui le ronge prendra le pas sur sa routine confortable. Peut-être que ce jour-là il ira occuper le porche d'une autre.

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2006/09/22

Tant à dire...

... et si peu de temps!

De retour donc après ma formation, mon périple chez l'oncle Sam et mon déménagement.Si je n'ai pas écrit depuis mon retour de vacances, c'est que j'avais tellement à dire que je ne me sentait pas le courage de commencer. Et telle que je me connais, d'ici quelques mois, j'aurai oublié. J'aurai oublié l'extraordinaire état d'esprit des Américains, si positifs, j'aurais oublié l'orgie de nourriture et mon courage à résister aux distributeurs gratuits de bonbons, glaces, boissons gazeuses (ah! le root beer!), j'aurais oublié la belle Ciara qui en plus d'être intelligente ferait passer l'autre, la célèbre pour une fille juste potable, j'aurai oublié la belle Italienne qui parlait à peine anglais mais avec laquelle on papotait régulièrement shopping, j'aurai oublié ma plus désagréable virée en limo (là je fais ma Paris Hilton, style j'ai l'habitude des virée en limo), j'aurai oublié mon organisme qui me lâche et la fatigue qui me fait m'endormir au plein milieu d'un concert de blues exceptionnel, j'aurai oublié le décalage horaire et les astuces pour pouvoir parler à Chéri quelques minutes par jour, j'aurai oublié les retrouvailles avec Chéri à New York, les dollars qui filent à la vitesse de la lumière, l'énergie atourdissante de Times Square, le calme voluptueux de Park Avenue, le style des filles de Soho, Tribeca, et du Village, la vétusté du métro, la gentillesse des agents, la gentillesse commerciale mais agréable des vendeuses ("Hi, how are you! [...] Thanks for coming!" même quand tu n'achètes rien!)... voilà, j'ai déjà oublié plein de choses.

Heureusement qu'il y a les photos. Et mon blog!

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2006/08/23

Enjoying myself so far

Je suis la depuis 3 jours et j`ai eu l`opportunite de boire du white tea a la paille dans un gobelet, de me faire appeler Honey par une vendeuse de journaux, de diner a 18h30, de faire du shopping tranquillement a 21h, de discuter avec un gerant de boutique de telephonie mobile qui ne connaissait pas l`indicatif international de son pays, de manger d`enormes fraises, finalement avec cette espece de creme fouettee ca a du gout.

En revanche je n`arrive pas a me faire a la taille des voitures et Qwerty c`est le mal.

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2006/08/18

Politiquement incorrect?

Ca ne manque jamais de surprendre mon entourage, mais je ne suis pas contre le fait d'expulser des clandestins.

Bien sûr, je n'aime pas la manière dont ça se passe, surtout en ce moment. Chaque être humain a droit a un minimum de dignité, même lorsqu'il est en effraction avec la loi.

Je n'aime pas non plus l'instrumentalisation qui en est faite, la façon sournoise d'insinuer que les étrangers expulsés, les problèmes de chômage seront moins cruciaux en France. Alors que je mets au défi certains secteur économiques de fonctionner un mois sans travailleurs clandestins.


Surtout je n'aime pas le fait qu'une fois de plus, ce sont des enfants qui trinquent pour le choix de leur parents.

Mais dans le principe, une personne qui entre et/ou s'installe illégalement dans un pays est parfaitement consciente de ce qu'elle fait. Et qu'on ne me sorte pas le cliché de l'Africain naïf qui a entendu parler de la France Terre d'Accueil et Pays des droits de l'Homme et qui pense naïvement -ça va de soit- que ce beau pays va l'accueillir à bras ouverts.


Non. L'Africain qui quitte son pays, son continent pour tenter sa chance illégalement sait très bien à quoi s'en tenir. C'est un insulte à son intelligence de croire le contraire.

Et quand il vient en France, il y est plus attiré par ses usines Peugeot que par sa Déclaration des Droits de l'Homme.

Je me souviens de chaque veille de départ de tel ami, tel parente, tel voisin, de leurs craintes, de leurs espoirs et de leurs doigts croisés pour que leur pari s'avère gagnant: une demande d'asile (infondée, mais les Blancs aussi savent être naïfs), une Américaine, un enfant, ou tout simplement la chance de passer à travers les mailles du filet assez longtemps pour économiser de quoi rentrer la tête haute.

J'entends déjà la voix des bons samaritains se récriant : "Mais chez eux c'est la misère! Mais chez eux c'est la guerre!" Non, l'Afrique n'est pas un continent de misère.

Evidemment, il y a des pays qui s'enlisent et s'embourbent sous la coupe d'une classe "dirigeante" avide et de ses complices.
Mais il y a toujours du travail pour qui veut se lever tôt et ne rechigne pas à la tâche, et un pays frontalier prêt à accueillir les victimes d'une guerre.

Je sais bien qu'une tâche peut paraître encore plus dégradante voire même impossible à effectuer sous les yeux des siens. Quand Moussa rentre au pays dans son grand boubou de bazin bleu, personne ne sait qu'il a passé l'année à ramasser les poubelles du 19ème arrondissement.C'est aussi pour ça qu'on part.
Mais quand on ne respecte pas les lois d'un pays, quoi de plus normal que d'en être sanctionné?
D'un autre côté, on peut légitimement se demander pourquoi ça ne marche pas dans l'autre sens, pourquoi il n'y a rien de plus simple pour un occidental que de s'installer en Afrique?

Mais ça, c'est une autre histoire.

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2006/08/17

Qui aura la garde?


Je pars dans 72h.
Ma valise n'est pas faite,

je n'ai pas imprimé mon billet, je n'ai même pas encore décidé si je prenais un taxi ou le RER pour aller à l'aéroport.

Comme si repousser les échéances allait me garder près de Chéri encore un peu.

Mine de rien ça fait plus de deux ans qu'on n'a pas dormi loin l'un de l'autre, et je sens que ces deux semaines vont être assez dure sur ce plan.

J'apprécie d'avoir de temps en temps des moments à moi, je ne m'ennuie jamais seule avec mes pensées (comme le disait Malou), mais deux semaines d'affilées avec des inconnus ne parlant pas français pour la plupart, obligée de socializer de 7h30 à 21h00, et trop loin de Chéri pour pouvoir tout lui raconter à mon retour le soir, je sens que ça va être violent.

Alors je me concentre sur les petits détails, les bonnes culottes en coton c'est mieux que les strings par 85° fahreneit, et mon sèche-cheveux, je l'emmène ou pas, j'ai bien noté le numéro du service de limousines (ah oui! à la World Company on ne fait pas les choses à moitié! ;) ) , est-ce que j'apporte mon laptop ou pas, si je ne peux pas le garder comme bagage à main il va finir dans la soute avec mon joli sac Samsonite tout neuf, et si je ne l'emporte pas je ne pourrais pas charger mon ipod vu qu'on n'a qu'un chargeur pour deux, est-ce que Chéri va accepter de me le laisser vu qu'à la base c'est quand même le sien?

Je pars dimanche. Matin.

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2006/08/16

Le petit chat est mort

C'était un cours d'improvisation. Un exercice classique dont la première étape consiste, pour chaque participant, à écrire une phrase sur un morceau de papier. La suite de l'exercice est complètement délirante, mais ce n'est pas de ça que j'ai envie de parler aujourd'hui.

On me demande donc d'écrire une phrase en français sur un bout de papier, et pour moi c'est évident, la phrase sera "Le petit chat est mort.". Je ne sais même pas pourquoi. Oui, il fut une année où j'écoutais un peu trop "Les Vieux" de Jacques Brel dans mon ipod, mais j'ai l'impression que cette phrase vient de plus loin.

"Le petit chat est mort", ça sonne bien, non? C'est rythmé, ça offre des tas de possibilités sur une scène, on peut le dire avec un air un peu triste ou complètement détaché, on peut le hurler comme si on venait d'assister à une scène horrible mettant en cause un petit chat et des roues de camion.
Le petit chat est mort, donc.

Le prof récupère les papiers et lit les phrases à haute voix. Arrivé à la mienne: "Le petit chat est mort. Je l'attendais celle-là! Vous savez qu'à chaque fois qu'un professeur fait cet exercice en France, il a 90% de chance de tomber sur cette phrase? ".

Et moi qui pensais être originale. Pour le coup j'ai réagit comme une Française moyenne. Moi qui me targue de porter haut les couleurs de mon continent, de mes cultures, moi qui aime bien titiller mes copains à coup de "C'est très français, tout ça...", moi qui met un point d'honneur à faire manger du mafé à Charles-Henri et à Marie-Alix, on me demande une phrase et mon subconscient me fait réagir comme une petite Française moyenne.

Après toutes ces années à baigner dans les cultures française et francophone, c'est peut-être normal que la France s'insinue partout dans mes pensées.

Il y a quelques années je n'aurais peut-être même pas relevé l'anecdote. Peut-être en aurais-je même été fière, autant que je suis fière par exemple d'avoir intégré autant de cultures africaines différentes, d'être cette personne unique, partout chez elle, capable d'adopter les comportements locaux au point où dans ces capitales africaines on ne me demande plus d'où je viens.

Mais j'ai vieilli depuis, j'ai relu Fanon (de moi-même cette fois), j'ai redécouvert Césaire, j'ai appris que Cheikh Anta Diop n'avait rien d'un grand oncle un peu fou-fou que personne ne contredit mais que personne n'écoute vraiment non plus.

J'ai appris l'histoire de la Vénus Hottentote, celle des zoos humains, celle des tiraillleurs-chair-à-canons "sénégalais".

J'ai posé un autre regard sur Tintin au Congo, sur Banania, sur cette "joie de vivre" qu'on nous colle à toutes les sauces et qu'on appelle "capacité de résilience" quand elle ne concerne pas des Noirs naïfs et "joyeux par nature".

J'ai expérimenté la recherche de stage, la recherche d'appartement, Et vous faites souvent des plats de chez vous? Et vous invitez souvent de la famille à dormir?, les commerçants qui vous suivent dans les rayons, les vendeuses des boutiques un peu chic qui ont l'étonnante capacité de voir à travers votre corps la cliente qui entre juste après vous dans le magasin.

Malgré tout, malgré moi, je sais qu'une partie de moi a été, est colonisée par la France. Et je ne sais pas quoi en faire. Pour l'instant j'ai juste décidé de la traiter comme une piqûre de guêpe, ne pas y penser, se concentrer sur autre chose, continuer à apprendre l'Afrique et l'histoire des Noirs, continuer à apporter ma petite goutte d'eau pour le développement de mon continent.

Pour le reste, on verra.

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2006/08/10

Dora, la suite


J'ai reçu une réponse aujourd'hui.

Gerard Fromont <glolouvin@yahoo.fr> à moi

cher monsieur,

Au risque de vous décevoir,nous sommes au regret de vous
faire savoir que l'affiche actuelle est le casting original Américain et
anglaisl,le casting francais n'étant pas finalisé.Toutefois nous ne voyons pas
pourquoi nous refuserions un homme de couleur pour quel role que ce soit ,le talent de celui ci passanr avant tout..

R espectueusement votre
La production



Ma réponse:

Subject: Là n'est pas la question!

A:
Gerard Fromont <glolouvin@yahoo.fr>, g.louvin@louvinproductions.com

Il ne s'agit pas de caster un Noir ou pas.Notre indignation vient du fait que vous osez representer un singe sous les traits d'un Noir sans masque, tandis que tous les autres acteurs jouant des animaux sont masqués.
Que vous reprenniez le concept dans vos spectacles ou pas ne change rien: vous avez laissé passer ces affiches et en l'occurence c'est ce que je vous reproche.
Ma nièce n'ira pas voir Dora sur scène.

[Mon nom]

PS: Pourquoi parlez-vous d'homme "de couleur"? Le blanc n'est-il pas également une couleur?
Considérez le terme évident de "Noir" comme insultant?


Let's keep focused.

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2006/08/09

Mais c'est pas grave!


Je sais qu'il y en aura beaucoup pour me dire qu'on en fait trop, qu'il n'y a là rien de mal, que nous virons parano.
Sincèrement je suis passé plusieurs fois devant cette affiche sans rien y remarquer, à part que cette +-^§!#[@! de Dora était décidemment partout!
Ce n'est que lorsqu'on m'a invitée à regarder de plus près les personnages sur l'affiche que j'ai bondi: Dora et son ami, entouré de quatre animaux, dont le singe Chipeur. Tous les animaux, ou plutôt tous les comédiens qui jouent les animaux sont masqués sauf le singe. Qui se trouve être Noir. Bien noir avec des traits bien négroïdes. Et un grand sourire Banania, tant qu'à faire.

On me dira ce qu'on voudra, mais il y a là un insight qui est déjà quelque part dans l'esprit des producteur, et qui va s'incruster dans celui des centaines de gamins qui vont voir le spectacle. Le Noir ne porte pas de masque parce qu'il ressemble déjà à un singe.

J'imagine le producteur discutant avec la costumière: "Alors pour le singe, tu me fais un truc avec juste les oreilles, on va caster un Black pour le rôle, avec un peu de maquillage ça fera l'affaire. Pour le renard c'est plus compliqué..."

J'ai cherché les coordonnées de Louvin Productions qui produit le spectacle, j'ai trouvé un mail d'un certain Dominique Rousseau qui s'occupe a priori de musique dans la boîte. En cherchant encore j'ai trouvé le mail de contact du site de Louvin Productions: contact@louvinproductions.com . Comme il a forcément un mail avec cette racine, je me suis mise à décliner son nom et à tester les mails que je trouvais:
gerard.louvin@louvinproductions.com
gerard@louvinproductions.com
g.louvin@louvinproductions.com

La dernière adresse ne m'a pas renvoyé de message d'erreur.
Monsieur Louvin va entendre parler de moi. Je lui ai envoyé ce mail, j'ai fait court, sachant que les gens comme lui n'ont pas le temps de lire:

Bravo pour votre spectacle! Bravo pour votre casting! Merci d'avoir eu la
délicatesse de respecter les quotas en choisissant un Noir pour le rôle du
singe.
Mais je vois que contrairement aux autres animaux, le comédien
qui joue ce rôle n'a pas droit à un masque: la ressemblance Noir/singe
serait-elle trop évidente à vos yeux pour nécessiter le port de cet accessoire?
Je vais boycotter votre spectacle, et beaucoup de Noirs avec moi.
Si ça vous intéresse.


Et je compte bien le lui renvoyer très régulièrement jusqu'à ce qu'il me réponde (oui, oui! :D )


EDIT: Comme l'a fait remarquer un grioonaute, il semble plus judicieux d'envoyer le mail non seulement à Louvin mais aussi à l'ensemble des partenaires de l'opération.
Les destinataires seront donc désormais:

A:g.louvin@louvinproductions.com

Copie à: telespec@tf1.fr ; resp.client.noisy@fnac.tm.fr ; feedback@nickelodeon.com.au ; info@LE-ZENITH.COM ; craig@themestar.com ;

jusqu'à ce qu'on obtienne une réponse.

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2006/08/07

Chacun cherche son black


Non je n'ai rien contre les couples mixtes.
Vue mon histoire familiale, ce serait pour le moins incongru.

Ce que je ne supporte pas, c'est qu'on fasse de mes frères et soeurs des accessoires de mode.

Parce que oui, ce qui est recherché en Occident, ce n'est pas le Noir de base, celui qui parle avec un accent du bled, se damnerait pour un plat de ndolé et a un humour qu' "on" ne comprend pas toujours.

Non, ce qui est tendance, c'est le Black, qui dans sa version masculine se doit d'être grand, musclé, danseur de capoeira, joueur de djembé, avec une coiffure funky (les dreads c'est le top, sinon les tresses, ça le fait aussi), ses entrées dans les boites hip-hop les plus underground.

A la fille black on demandera d'être bien cambrée, fine avec quand même un popotin bien rond, ferme et rebondi... un "cul de Black" en somme.

Le point commun entre les deux modèles sera bien évidemment une libido débridée voire bestiale, histoire de faire honneur à la théorie du chaînon manquant qui faisait du Noir le lien entre l'Homme et le singe.

Alors on s'interessera de loin à la culture exotique de notre trouvaille, faisant remarquer, entre deux bouchées de gratin dauphinois? à quel point "ces cultures ethniques" sont riches et interessantes, on portera au cou une carte de Madinina ou une croix "ethnique" sans chercher à savoir qu'il s'agit de la croix d'Agadez. On se fâchera peut-être avec papa et maman au sujet de cette relation, ce qui nous prouvera encore une fois qu'ils ne sont que des vieux cons incapables d'ouverture d'esprit. On se réconciliera tout de même au premier enfant, ce qui sera quand même bien pratique pour les emmener en vacances dans la villa de Papi et Mamie.
On refusera en revanche de les envoyer dans leur autre pays, c'est beaucoup trop dangereux en ce moment.

On se sentira surtout investi d'une aura de respectabilité toute notre vie ("Vous savez, j'ai épousé un Noir, moi, madâme!"/"Je sors avec un Black") empêchant quiconque de remettre en cause notre humanisme et notre engagement concret contre le racisme.

Après, bien sûr qu'il y en a qui ne sont pas déçu quand ils se rendent compte que leur nouvelle conquête danse le zouk comme une vache islandaise, est couchée à onze heures et tient absolument à honorer chaque année son village familial de sa présence.
Oui, il y en a qui ne voient dans leur petits métis qu'un mélange de deux personnes qui s'aiment et non la panacée aux problèmes de racisme.
Qui ne sont pas spécialement "fan de Blacks" et qui se sont surtout interessé à la personnalité de leur moitié.
Qui ne s'attendent pas à une médaille pour leur ouverture d'esprit.

Oui, même après quatre siècles de propagande anti-Noirs, il en existe. Il doit bien en exister...

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2006/08/03

Yeeeeeeeeessssssss!


Ca y est, on l'a notre nouvel appartement. 40m² de bonheur, comme je le disais à Chéri.

J'ai enfin rencontré une gestionnaire immobilier (-ère? ma foi, je sais pas...) comme ils devraient tous l'être: préoccupée principalement par les revenus des candidats (qu'elle appelle "clients", c'est dire!) et les garanties financières qu'ils présentent. En quelques heures l'affaire était conclue, le bail signé, je n'en reviens toujours pas.

Je me suis reveillée plusieurs fois dans la nuit Tiens j'ai fait un drôle de rêve, j'ai rêvé qu'on avait eu notre appart... mais non ce n'est pas un rêve, rendors-toi ma poulette :D

On a fait une longue ballade dans notre futur quartier pour nous mettre l'eau à la bouche puisqu'on emménage dans un mois. Brasseries, cinés, restaus japonais, magasins de déco, supérettes ouvertes très tard... en plus de ça notre appartement est sur une rue très calme, que demande le peuple?

Alors on va faire une croix sur ces trois semaines horribles, sur ces dizaines d'appartements visités, ces pauses déjeuner malmenées, ces insipides sandwiches avalés (oui, même les sandwich Lina's ont mauvais goût quand on y a droit 3 fois par semaine), ces candidats rivaux qui vous toisent, ces proprios qui vous jaugent -ou pas- , ces dossiers photocopiés, une belle chemise, ma carte de visite, Matthieu m'a dit que ça faisait son petit effet.

On va oublier les sourires hypocrites des propriétaires, les questions pernicieuses, les excuses bidon, la petite vingtaine de dossiers déposés et la petite vingtaine de "rejet de candidature", les dossiers retournés par voie postale "avec nos compliments".

On va passer l'éponge sur tout ça juste pour un temps. Juste le temps du repos des guerriers.

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2006/08/01

Internaute anonyme

J'ai perdu trop de temps à justifier mes choix de vie, mes comportements, mes opinions, mes goûts et mes couleurs.

J'ai tout de suite compris qu'internet serait pour moi un espace de liberté, où je ne serais ni la fille d'Un Tel, ni la cousine de Tel Autre, où mes faits et gestes ne seraient pas pas colportés, analysés, amplifiés, pour finir jetés à la figure de la grande coupable, ma mère qui a déjà le tort d'être l'Etrangère, donc forcément responsable du comportement peu orthodoxe de ses enfants.

Internet, c'est grand, et c'est petit à la fois. Et je m'amuse à croiser les censeurs au détour d'un forum, je m'amuse à être pleinement moi, sous leurs yeux réprobateurs, se désepérant de ne pouvoir, sinon me remettre sur le droit chemin, du moins soupirer en choeur "La fille d'Un Tel est gâtée, vous avez vu comment elle parle de la religion/de son mari/du Président/des hommes?".

Sur internet, je ne suis que Pokou.

Anonyme et libre.

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2006/07/28

Sale moment pour M. Tionna

Je n'aimerais pas être à sa place ce matin!

L'annonce est parue la semaine dernière sur PAP. J'ai appelé le numéro et pris rendez-vous pour une visite. Chéri y est allé seul, accompagné de notre dossier complet.

L'appartement, très beau, sur les quais, assez luxueux voir péteux, lui a plu donc il a déposé le dossier. D'après Chéri, le courant est bien passé entre M. Tionna, l'actuel locataire et lui. Sa femme travaille dans l'événementiel, elle a même organisé des soirées pour mon entreprise, ils habitaient près de chez nous il y a quelques années, il trouve notre dossier très bien, la propriétaire vit en Province mais c'est son amie d'enfance, c'est lui qui a publié l'annonce, il fait toutes les visites et lui sélectionnera le meilleur candidat locataire -oui, on dit candidat, comme pour un concours d'entrée à Polytechnique- notre dossier est très correct (on gagne très largement plus que les 3 000 € demandés) donc a priori il ne devrait pas y avoir de souci.

Deux jours plus tard, coup de fil de notre nouvel ami: l'appartement sera attribué à une amie de la propriétaire qui vient s'installer sur Paris. Pas de chance, notre dossier était en pôle position.

Et voilà que l'annonce, légèrement modifiée (on en apprend plus sur l'équipement "haut de gamme" de la cuisine) réapparait dans le journal d'hier. On peut raisonnablement en déduire que l'appartement est toujours proposé à la location, qu'il n'y a jamais eu d'amie provinciale, et que notre dossier est tout simplement allé à la poubelle, malgré toutes la garanties financières.

Est-ce que M. Tionna a réellement voulu proposer notre dossier? Est-ce que c'est la propriétaire qui nous a écartés? Ou alors il s'agissait d'un jeu de dupes dès le départ?

Je hais cette hypocrisie qui pousse les gens à vous faire croire qu'il sont disposés a à vous voir habiter leurs murs malgré ce-que-vous-savez. Je préferais sincèrement l'époque ou les choses étaient claires dès le début: "On ne loue pas aux Noirs". Ca faisait gagner en courses de taxi entre midi et deux et en temps les cadrettes surbookées qui n'arrivent pas à caser deux séances de gym dans leur semaine.

Mais M6 est passée par là, avec ses micros, ses caméras dissimulées, la justice aussi avec des condamnations qui n'ont pas dû faire plaisir à tout le monde.

Donc aujourd'hui le propriétaire, l'agence louvoient. Ils vous ménagent, vous font espérer, jusqu'à ce qu'ils trouvent un locataire génétiquement plus sérieux. Enfin, ça c'est pour les plus malins.

Les autres font comme M. Tionna, republient la même annonce dans le même journal, et reçoient un vendredi matin un coup de fil pas très amical d'un Chéri qui exige des explications.

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