Blog (pas) intime

"Ce sujet favori: moi-même." (R. Bradbury)

2006/09/26

Au pied de mon immeuble

Au pied de mon immeuble il y a un SDF. En fait il y a pas mal de SDF dans mon quartier (quand je dit qu'il est prisé! :D ) mais il y en a un qui dort juste à l'entrée de mon immeuble. Ce n'est pas le cinquantenaire alcoolique et barbu (il y en a un de ce modèle-là, mais devant l'immeuble d'à côté). Non, il est jeune, 25 ans maximum, tout mince, apparemment sobre, avec un énorme tatouage et une coupe longue assez peu conventionnelle. Il est sur son sac de couchage, il ne demande rien, il dit bonjour quand on passe la porte, avec un grand sourire, naturellement, comme s'il était un simple voisin.

Ce garçon m'attriste et m'intrigue. J'ai entendu/vu/lu pas mal d'histoires de personnes dont la vie bascule suite à un divorce, un licenciement, une faillite. Mais un gamin de 25 ans (il y en a plusieurs dans le quartier, et j'en voyais aussi dans ma banlieue bobo), comment en arrive-t-il à cette situation? Ca m'intrigue. Où sont ses parents? N'a-t-il pas de frères ni de soeurs? Un ami qui pourrait l'héberger le temps de se trouver un petit job, même non-qualifié, de quoi se payer une chambre de bonne avec WC sur le palier?

Et je pense à mon cousin Napoléon. Qui a 23 ans rejette encore tout en bloc, le système universitaire, le Grand Capital, ses parents, le Système. Qui se moque de son frère et de moi parce que nous vouons selon lui notre vie à notre compte bancaire, mais qui est quand même bien content de nous accompagner au concert de Patrice avec sa place payée grâce à l'argent du Grand Capital. Qui ne voit pas d'inconvénient à se faire offrir ses accessoires de photo et de guitare par ses parents, eux aussi esclaves du Grand Capital.

Napoléon, qui vit chez Papa-Maman comme dans un hôtel, qui peut disparaître plusieurs jours sans explication. Je pense à lui et à notre lâcheté à tous, ses parents, son frère, moi, personne pour lui remettre les yeux en face des trous. Quelques fois son frère ou moi lui disons quelques vérités, mais en prenant soin de ne pas le heurter quand même, surtout qu'il y a toute cette histoire de Chantage, alors la plupart du temps, on est juste gentils avec lui, et on le gâte, on le gave d'invitations et de petits cadeaux, juste contents qu'il nous accorde un peu de temps et qu'il soit avec nous. Qu'il soit bien.

Je pense à lui, et à sa colère et je me dit qu'un jour peut-être il aura une indigestion et que le feu qui le ronge prendra le pas sur sa routine confortable. Peut-être que ce jour-là il ira occuper le porche d'une autre.

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2 Comments:

  • At 4:12 PM, Anonymous Anonyme said…

    salut Pokou,je decouvre a l'instant ton blog,je vais au cine donc je le met dans mes favoris.
    en plus mon blog est dans ta liste c'est touchant,je reviens te lire tres vite.
    bisou

     
  • At 7:09 PM, Blogger Pokou said…

    Merci!

    Mais qui es-tu? :D

    Reviens vite résoudre ce mystère!!

     

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