Blog (pas) intime

"Ce sujet favori: moi-même." (R. Bradbury)

2007/03/12

Game Over.


Oui, c'est fini. Pas par manque d'envie, mais parce que mon souhait de faire de cet endroit un espace de liberté ne s'est finalement pas réalisé. Anonyme et libre, qu'elle disait! Pff...

Je prenais pourtant bien soin de ne pas dévoiler de détails trop précis, et à chaque fois que je postais, je me demandais: est-ce que ma soeur, celle à qui je dit presque tout, me reconnaitrait?

Mais je n'ai pas compté avec la technologie, les foutus cookies, tu me passes ton ordi, oui bien sûr. J'aurais sûrement dû faire plus attention, mais en même temps, je tiens un blog, je ne suis pas agent double pour la CIA!

Donc voilà, mon blog a été découvert par une personne de mon entourage. Et lu. Je ne sais pas depuis combien de temps. Je suis déçue. Et en colère: cette personne est allée jusqu'à me reprocher de dévoiler certaines choses sur ce blog dont elle n'est pas censée connaître l'existence! J'ai l'impression d'étouffer. Et d'être une bête en cage. Voilà: je suis une bête dans une cage en plexigas qui étouffe.

Oui, mes proches ont du culot. Ou alors je suis trop bonne poire. Sûrement un peu des deux.

Donc voilà, je ne sais pas trop, là maintenant, ce que je vais faire. Sûrement continuer à écrire sur tout et rien, parce que j'en ai besoin. Envie aussi. Et j'ai le droit d'avoir des envies, sans avoir à les justifier.

Je ne sais pas encore quelle forme cela va prendre, même si j'aime bien l'idée de lancer mes billets dans le fouillis de l'internet mondial (copyright je sais plus qui) bien cachée derrière mon loup.

Pour celles qui me laissent des mots et/ou me rendent visite régulièrement (oui, je suis une quiche en info mais j'ai réussi à installer l'outil pour consulter les stats) on se recroisera peut-être dans l'internet mondial. Ou pas. En tout cas je continuerai à poster sur vos blogs, sous ce pseudo. Ou pas.

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2007/03/06

Africa Enfer

Pardon pour le jeu de mots, mais j'ai passé une heure et demi d'enfer avec ce film affligeant!!!

Tout d'abord, le scénario, ou comment partir d'une idée très interessante (l'inversion du flux migratoire Europe/Afrique dans un futur proche à la faveur d'un développement fulgurant de l'Afrique et de la décadence en gros du reste du monde), comment partir d'une idée très intéressante disais-je, pour arriver à un résultat lamentable.

Si vous êtes un réalisateur de série Z en herbe et que vous ne savez pas comment accomplir votre destin, ne cherchez plus, Sylvestre Amoussou, à qui ne devons Africa Paradis vous donne clés en main la recette pour réaliser une daube.

- Les postulats de base: il faut qu'ils soient le plus légers possible. Ne vous posez pas trop de question. Par exemple, situez votre action dans un futur proche (2033 en l'occurence) , posez comme postulat que l'Afrique Unie est le plus développé des continents, que l'Europe est en déclin "parce qu'elle n'a pas pu réaliser l'union",que l'Afrique repousse les immigrants européens venus chercher une place au soleil, qu'un courant xénophobe se développe en Afrique, mais surtout, n'allez pas plus loin! N'essayez pas par exemple d'apporter un semblant de cohérence historique dans vos postulats de base: par exemple les "anti-européens" africains diront qu'ils n'aiment pas les Blancs parce qu'ils sont paresseux et passent leur temps à s'amuser. Ne placez pas cette histoire qui se déroule en 2033 (après-demain!) dans la continuité de ce qu'il se passe aujourd'hui. A quoi bon par exemple faire de ces ultra-nationalistes les petits frères de ceux qui dénoncent aujourd'hui avec violence l'exploitation de l'Europe par l'Afrique? Non, c'est bien plus rigolo de faire dans le racisme primaire, et de faire dire à ses personnages que les Européens qui sortent de plusieurs siècles de domination sur le monde, qu'ils sont tous paresseux! On est dans un nanar, n'oublions pas!

- Le scénario: attention! la carrière d'un réalisateur de série Z est souvent très courte: rien ne vous garantit que les producteurs assez largués pour vous octroyer des fonds pour ce film auront envie de vous suivre pour d'autres aventures nanaresques. Hélas! après la sortie de votre film, vos chances de convaincre d'autres producteurs sont encore plus minces qu'à l'époque où personne ne savait que vous étiez réalisateur de daubes. En clair, il s'agit là sûrement de votre dernier film. En conséquence, mettez dans votre scénario absolument toutes les idées que vous dictera votre solide culture cinématographique: film d'action, romance à la Santa Barbara, JamesBonderie, comédie, comédie dramatique, film érotique, pourquoi choisir? On ne vit qu'une fois! N'hésitez devant rien, inspirez-vous des chefs d'oeuvre que vous avez eu l'occasion de voir: scène de karaté, méchants commandant une mission à un agent contre une enveloppe contenue dans une grosse malette, puis une seconde mission plus dangereuse impliquant forcément une plus grosse enveloppe contenue dans une plus grosse malette, déclaration d'amour sur la plage au soleil couchant, balancez toute la sauce, des flics sauvages qui tirent à balles réelles sur un clandestin échappé de la zone de rétention en plein quartier résidentiel, plus c'est gros, mieux ça passe! Et surtout n'hésitez pas à grossir le trait et à présenter les choses de manière dichotomique. Les gentils d'un côté, les méchants de l'autre. Mention spéciale à la soeur du personnage prinicpal, raciste notoire qui va quand même franchir la barrière et découvrir que les Blancs sont des hommes comme les autres.

- La direction d'acteur: quelle direction d'acteur? Déjà desservi par un scénario tiré par les cheveux, vos acteurs seront d'autant plus mauvais si vous ne leur donnez aucune indication sur la manière dont ils doivent jouer, ou mieux, si vous leur donnez des indications complètement à côté de la plaque. Vous arriverez comme M. Amoussou à un résultat des plus joyeux: un père au bord de l'extase parce que son fils rentre simplement du boulot, des gamins mauvais à la base qui récitent leur texte, un méchant qui ponctue toutes ses phrases d'un méchant regard de méchant, bref, tout le monde ou presque sera guindé, mal à l'aise, caricatural... et mauvais. Même Eriq Ebouaney qui avait pourtant assumé le rôle d'un Lumumba assez convaincant.

- Les décors, accessoires, et autres costumes: who cares? Qui dit nanar dit film à petit budget. Si vous avez en plus la chance d'être africain, les spectateurs s'attendront d'autant moins à ce que vous fassiez preuve de débrouille pour présenter des décors, accessoires et costumes cohérents avec l'histoire. celui qui joue le méchant chargé d'enlever une fillette en plein jour a envie de porter un gilet en velours hyper-voyant, et de continuer le reste du film avec? Laissez-le faire. Vous n'avez pas d'argent. ceux qui vous reprocheront ce détail seront des pinailleurs. Vous situez votre action en 2033 mais tous les ordinateurs apparaissant dans le film sont des modèles que personne n'a vu depuis 1988? Pas grave, ce qui est important, c'est la force du récit, ceux qui disent le contraire sont des pinailleurs.


Pas une seule seconde on ne croit à cette histoire, on oscille tout au long du film entre la pitié face à tant de naïveté et la colère face à cette heure et demi gachée.

Deux petites consolations, tout de même: premièrment Emil ABOSSOLO M'BO arrive à tirer son épingle du jeu, ce qui relève du miracle. Et puis, les distributeurs classique ayant refusé d'ajouter le film à leur catalogue (oubliez les "vérités qui dérangent", ils n'ont pas voulu du film parce qu'il est naze. Point.) le film passe dans si peu de salles tellement confidentielles que seuls les plus motivés réussiront à le voir.

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